Homélie du 3ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 19 février 2016Que tes œuvres sont belles !
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Tout au long de ce temps du carême, nous continuons notre marche vers Pâques. Et nous le faisons à la lumière de la Parole de Dieu. Le livre de l’Exode (première lecture) nous conduit à la deuxième étape du salut : c’est la révélation de Dieu à Moïse, au buisson ardent. Ce Dieu a vu la souffrance de son peuple réduit en esclavage. Il est avec tous ceux qui sont exploités, ceux qui sont réduits à la misère. Il est avec eux pour les délivrer. Mais il ne veut pas le faire sans vous. Il appelle des hommes, pas nécessairement les meilleurs ni les plus saints. Avec des petits moyens, il peut faire des grandes choses.
Dans la seconde lecture, Saint Paul s’adresse à la jeune communauté de Corinthe. Il s’y trouve des esprits forts qui se croient à l’abri des tentations. Il leur recommande d’être prudents et de se défier d’eux-mêmes. Saint Paul les invite à une relecture de l’histoire du peuple hébreu au temps de Moïse. La plupart n’ont fait que déplaire à Dieu et ils sont tombés dans le péché. Beaucoup sont morts par ce qu’ils s’étaient écartés de Dieu. Cette lecture est un appel à nous convertir : prendre garde à ne pas tomber même si l’on se croit solide ; cela commence par un appel à ne pas juger les faibles. Comme Moïse et bien d’autres, nous sommes envoyés pour leur annoncer la sollicitude et la miséricorde de Dieu.
Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous recommande de vraiment nous engager sur le chemin de la conversion. Pour nous y aider, il part des événements de la vie : l’accident absurde, les catastrophes, les guerres fratricides qui ne provoquent que destruction et mort. À l’époque, on pensait que tous ces malheurs étaient une punition de Dieu. Jésus refuse cette interprétation encore aussi répandue. Nous avons tous entendu cette question : “Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour souffrir ainsi ?” Le Christ précise que le malheur est un avertissement pour nous tous et non le signe d’une culpabilité particulière.
Dans cet Évangile, Jésus nous adresse un message important : c’est nous qui avons à nous remettre en cause. Les événements de la vie sont le signe que Dieu nous parle pour nous appeler à la conversion. Ce n’est pas le péché qui entraîne la condamnation mais le refus de se convertir : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez comme eux. » Non, ce n’est pas une menace, ce n’est pas Dieu qui va vous faire périr, c’est nous qui allons à notre perte. C’est pour cela que le Christ nous demande de ne pas remettre à demain notre conversion.
La violence de Jésus, c’est celle de son amour miséricordieux. Il ne peut supporter que les hommes courent à leur perte. Il dénonce ce qui est le vrai mal de l’homme. Il nous rappelle à temps et à contretemps qu’il ne peut y avoir de compromission entre Dieu et le péché. Rester dans le péché c’est se condamner à une mort bien plus grave que celle qui est donnée par le glaive des soldats de Pilate. Mais le Christ Jésus est toujours là : il est celui qui a été envoyé par le Père pour guérir et sauver tous les hommes. Supplions-le de nous guider sur le chemin d’ une vraie conversion durant ce carême.
Cet évangile se termine par la parabole du figuier : ce dernier ne porte pas de fruit et son maître envisage de l’arracher. Jésus condamne le fruit pourri mais aussi l’absence de fruits. Mais le vrai vigneron est un passionné qui aime vraiment sa vigne. C’est encore plus vrai pour Jésus : il n’est pas venu pour les justes mais pour les pêcheurs. Tout au long de l’Évangile selon saint Luc, nous pouvons lire les paroles de la miséricorde ; elles nous disent toutes qu’il aime les pêcheurs ; il nous aime tous. Il ne faut pas opposer la miséricorde et l’exigence. Le carême est toujours le temps de la sincérité du cœur, le temps de l’amour vrai, de l’amour pour la vie.
Face à ce mal qui accable notre monde, nous voulons choisir l’amour, nous voulons changer notre cœur, le retourner, le convertir. La Vigne c’est le peuple d’Israël, c’est nous aujourd’hui. Sans l’amour, sans la conversion, nous sommes comme le figuier qui ne porte pas de fruit. Mais quand nous ne portons pas de bons fruits, Jésus ne nous dit pas : “il n’y a rien à faire ! Je t’abandonne !” Jésus prend patience. Il veut nous aider à porter des fruits nouveaux. Il s’engage à tout faire pour nous y aider. Il fait sans cesse le premier pas vers nous, mais rien n’est possible si nous ne répondons pas à cet amour libérateur.
En ce jour, nous faisons notre la prière du psaume 94 : « Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur. »
Télécharger : 3ème dimanche du carême
Sources : Revue Signes – Feu Nouveau _ Missel des dimanches et fêtes des 3 années (Michel Wackenheim) – Homélies pour l’année C (Amédée Brunot) – Célébrons dimanche (Assemblées de la Parole des dimanches et fêtes) – parole de Dieu pour chaque dimanche (Noël Quesson).
J’ai beaucoup apprécié le témoignage de soeur Claire.
Tu démontres bien père Jean l’absolue nécessité de se convertir, ce que je fais plusieurs fois par jour.
Bonne semaine à tous, dans l’esprit du Seigneur.
Hier, j’ai entendu un pasteur protestant qui disait que le plus important ce n’est pas de SE transformer mais de de SE LAISSER TRANSFORMER par le Seigneur
Tout au long des dimanches, Dieu n’arrête pas de se manifester, de se dévoiler, de se faire connaître… Chaque jour peut être pour chacun de nous, une “Epiphanie”.
Dans le Livre de l’Exode, dans ce passage du Buisson Ardent, Dieu appelle Moïse du milieu des flammes et se fait connaître de lui : “Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob”. J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte et j’ai entendu ses cris. Je suis descendu pour le délivrer. Dieu se fait proche. “Tu diras aux Egyptiens, celui qui m’envoie c’est JE SUIS.”
Il vient à notre rencontre. Dieu entend nos cris, voit nos souffrances. Dieu est miséricorde et pitié. Puissance d’amour qui traverse l’histoire depuis Abraham jusqu’à aujourd’hui; Il nous accompagne dans toutes nos traversées. Il est le buisson qui ne cesse de brûler nos angoisses, nos peurs, qui nous purifie comme l’or au creuset. Dieu nous presse de répondre à cet amour.
Le Seigneur est tendresse et pitié nous dit le psalmiste, et Paul nous exhorte à nous détacher de toutes nos idoles qui nous éloignent du chemin de la liberté.
Dans l’Evangile, Jésus remet les pendules à l’heure “Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres ? Nous pourrions dire la même chose à propos des évènements tragiques que nous avons vécus : Ces personnes qui étaient venus se distraire, passer un moment agréable entre amis, en famille, étaient-ils plus grands pécheurs que nous ? que pouvons-nous faire devant les catalysmes naturels, les accidents… Cela nous dépasse. Dans les épreuves, restons fidèles au Christ,faisons-lui confiance, Lui seul peut nous aider à faire cette traversée.